Phylactères

PHYLACTÈRES


Le Retour à Lhassa
Les Trois Actes perpétrés à Lepsos
Parousie
Nec ulla dies
Feuilles roses
Gnostique du papyrus Bailly


Piano et composition : Juliette Quinet
Flûte et chant : Claire Simonin
Guitare, orgue, banjo, chant et composition : Michel Gaillard

© Magis Optis, 1977-1980.



Les Trois Actes perpétrés à Lepsos




Les Trois Actes perpétrés à Lepsos

PREMIER ACTE. Irai-je jusqu'à révéler le toucher virginal par lequel la vestale phallophore m'a vêtu alors que je m'étais avancé vers elle sous le prétexte d'interroger l'Apollon Lepsios ?

« Je sais qui tu es, dit-elle, lorsque je t'ai vu approcher. Tu m'as soufflé mon rôle. Il m'est apparu dans l'éclat de ta lumière. Mais à présent qu'il m'est clairement assigné, je dois te désigner ce que tu attends de ma révélation. »

Ô ma hiérodule, tu vibres, maintenant floue dans l'approche d'une de tes métamorphoses. Je te révèle l'immuable auquel tu t'es voué, toi la vierge couronnée d'étoiles. Je te reconnais au croissant lunaire que ton front hiératique arbore.

 

ACTE II. Désirable Astarté, appelons-nous par nos noms. J'ai appris qui tu es : je t'ai trouvée dans l'éclat de ta lumière. Nous nous appelons comme nous sommes, quand tu me découvres le corps que je vénère, attendu que notre conjonction nous délivrera.

Il se dégageait un magnétisme intense de nos regards avides, se reconnaissant à quelques microns d'intervalle dans le frémissement de ta transe sibylline jusqu'à ce que le sommet de notre orgasme fût couronné de la fraîcheur légèrement rapeuse de tes lèvres.

J'ai senti l'insufflation de ton haleine en moi, puis, quand la dépression s'est abattue sur toi, tu as eu un sursaut de dégoût qui fit résonner ta gorge. Tes lèvres se sont entrouvertes, emprisonnant, voluptueuses, le bord des miennes.

Sous le trouble qui s'empare de ma vision, je ne perçois plus aucune forme, mais je ne suis pas aveugle : toujours devant moi persiste une clarté diffuse au milieu d'une brume phosphorescente à laquelle je ne puis échapper, même si je m'en détourne !

Il faudra que j'attende que la brume soit dissipée pour partir à ta recherche... Je te retrouverai, nue et épuisée au cœur d'un résidu d'atmosphère érotogène.

 

ACTE III. Ta peau sera légèrement rougie, perlée d'une fine pellicule naissant et roulant sur elle. Et toutes les immensités du désert en seront tiédies, presque embaumées, devant ton corps flasque étendu sur le divan, tandis que je le caresserai machinalement. J'essaierai de deviner en quoi tu es en train de te métamorphoser.


© Magis Optis, 1977